Ces gisements qui laissent rêveurs.
Pour terminer, je voudrais attiser encore votre curiosité en mentionnant deux espèces particulièrement mystérieuses que les scientifiques ont beaucoup de mal à positionner dans cette histoire de l’évolution de l’Homme et qui laissent planer le doute sur nos certitudes(?) actuelles.
Homo Naledi sur le site de Rising Star en Afrique du Sud
Découvert en 2013, ce gisement très important d’ossements représentant une quinzaine d’individu est, aujourd’hui encore, très mal compris et fait l’objet de nombreuses hypothèses controversées.
L’accès de cette grotte très profonde est extrêmement difficile même pour des spéléologues expérimentés équipés de toutes les technologies moderne. Comment ces individus ont-ils pu y accéder il y a si longtemps ?
Une première hypothèse a été qu’ils aient été apportés volontairement dans le cadre de rites funéraires, mais cela paraît bien peu probable quand on considère leur capacité crânienne très faible ne présageant pas de la capacité d’imaginer ni de réaliser une telle prouesse.
L’hypothèse que ces individus soient tombés dans un gouffre aujourd’hui disparu ou qu’ils aient été piégés en utilisant une entrée ensuite bouchée par un éboulement est largement mise en avant par la communauté scientifique… même si, pour l’instant aucune trace n’a pu être trouvée de l’un ou l’autre.
Aucune trace non plus de crocs indiquant qu’ils aient été transportés, en temps que proies, par des félins.
Bref, le mystère reste entier.
La datation des ossements donnée par les découvreurs en 2013 était de 2 Millions d’années, simplement basé sur les caractères anciens de ses individus. Mais l’analyse des concrétions présentes dans la grotte, on permit de situer de façon claire ces ossements entre 800 et 100 mille ans.
Une récente datation par la méthode de luminescence a donné une date précise de 330 mille ans, mais cette datation pose également des problèmes.
Comment une espèce aussi faible et primitive aurait elle pu survivre dans une région déjà occupée depuis longtemps par des hommes bien plus évolués, comme Homo Erectus et même Homo Sapiens ?
Là aussi, on en reste aux hypothèses.
Il faut dire que ces spécimens sont bien étranges.
Les restes post-crâniens présentent des individus de petite taille (1m50 pour 40kg environ) mais avec un squelette très moderne. En particulier, leurs pieds sont ceux de bipèdes parfaitement accomplis (aussi accompli qu’un Homo Erectus).
Par contre, leur capacité crânienne d’à peine 500cc, leurs mains et leur denture très primitives les rapprochent clairement des Australopithèques.
Le fait qu’on n’ai rencontré cette espèce exclusivement dans ce gisement est également extraordinaire dans cette région d’Afrique du Sud, probablement l’une des plus fouillée de toute la terre.
Bref le puzzle que présente Homo Naledi fera encore coulé beaucoup d’encre et elle ajoute encore un peu plus de flou à cette impression d’incertitude qui entoure la transition entre les australopithèques et le genre Homo.
Homo Floresiensis (dit le « Hobit ») sur l’île de Florès en Indonésie
Découvert en 2004, cette espèce est un autre casse tête pour les paléoanthropologues.
Daté d’environ 18 Mille ans seulement, ce tout petit personnage de la taille de Lucy présente de nombreux caractères primitifs, en particulier une capacité crânienne de seulement 400cc mais également son bassin qui le rapprochent des Australopithèques.
Par contre, bien que petites, sa face, ses mandibules et ses molaires font penser à un Homo Erectus nain voir un Homme Moderne microcéphale.
C’est cette hypothèse de microcéphalie qui avait été retenue au départ mais, les caractéristiques de ces individus ne sont pas vraiment comparables à celles de la maladie. De plus, il serait étrange qu’on ait retrouvé deux fossiles présentant une telle maladie rare.
L’hypothèse du nanisme insulaire d’un Homo Erectus, phénomène bien connu de l’évolution d’animaux isolés sur une île avec des ressources limitées est sans doute la plus accepté par le monde scientifique actuel.
Et pour compliquer la situation, on a également trouvé des outils taillés et des traces de feu dans la grotte où ils ont été trouvé, d’où l’hypothèse d’un Homme Moderne.
Enfin, comme pour Naledi, comment expliquer que ces hommes si fragiles aient pu survivre à une époque où l’Homme Moderne était déjà largement installé dans la région depuis 50 mille ans !
Voilà un autre puzzle, beaucoup plus récente, mais qui lui-aussi montre la quantité de surprises qui nous attendent encore, enfouies sous terre, un peu partout sur le globe concernant l’évolution humaine.