L’Homme Moderne à la conquête du globe

Après Homo Erectus, l’Homme Moderne sort à son tour d’Afrique mais il va aller bien plus loin puisqu’on va finalement le retrouver aux quatre coins du monde.

Les connaissances actuelles sur ce long voyage sont assez vastes mais, si l’on y regarde de plus près, les hypothèses actuelles sont récentes et rien ne prouve qu’elles soient réellement définitives!

Les épisodes de Sahara vert

épisodes de Sahara vert

Comme vous pouvez le voir sur ce graphique, les épisodes de Sahara Vert sont assez nombreux et, pour certains très anciens. Ils surviennent au gré des changements climatiques sans qu’on connaisse vraiment leur étendue.

Chacun d’entre eux ouvre une fenêtre pendant laquelle les hommes vivant plus au sud peuvent remonter vers le nord et, éventuellement, entrer au Moyen Orient. Cependant, rien ne prouve qu’ils soient, à chaque fois, aller aussi loin.

En effet, si les nombreuses fouilles effectuées en Israël montrent une présence régulière très ancienne de Néandertal, avant 150 mille ans elles n’ont permis d’identifier que quelques traces de l’Homme Moderne : quelques ossements et une introgression d’ADN vers Néandertal.

Quant aux sorties d’Afrique à l’origine de la grande migration vers le reste du monde, s’il est clair qu’elles correspondent aux épisodes les plus récents (entre 130 et 60 mille ans), il est impossible de dire s’il y en a eu une ou plusieurs.

L’arrivée en Australie

Principaux sites sur le continent “Sahul”

Durant la dernière période glaciaire, le niveau des océans étant très bas, l’Australie et la Nouvelle-Guinée étaient réunis en un seul continent, appelé « Sahul », relativement proche des îles indonésiennes. Il n’en reste pas moins que pour atteindre ce continent, il fallait avoir une bonne maîtrise de la navigation dont on ne pensait pas les hommes de ses temps reculés capables.

D’où la surprise du monde scientifique lors de la datation des sites archéologiques de la région : 40 mille ans pour des habitations humaines trouvées en amont de la Swan River, en Australie Occidentale et 60 mille ans pour le site de Madjedbebe dans les Territoires du Nord !

En Asie, les thèses s’affrontent.

Un grand débat en l’Inde

Il y a environ 75 mille ans, il s’est produit une éruption explosive très importante du volcan « Toba » sur l’île de Sumatra en Indonésie et cette éruption a laissé, en particulier en Inde, une couche de cendres très identifiable.

La controverse en Inde

Sur la base d’outils taillés découverts en dessous des cendres de ce volcan, certains chercheurs soutiennent la thèse de la présence de l’Homme Moderne dans cette région déjà à cette époque.

D’autres, au contraire, soutiennent que ces outils sont plutôt liés à des Hommes Archaïques et que l’arrivée de l’Homme Moderne dans cette région ne remonte qu’à 50 mille ou 60 mille ans avec l’apparition d’un nouveau type d’outils.

Cependant, comme on ne sait pas associer de façon claire une industrie lithique à une catégorie humaine, sans restes fossiles humains dans ces sites archéologiques, il est impossible de prouver l’une ou l’autre des théories. Il faudra donc d’autres découvertes pour pouvoir trancher…

Des découvertes contestées en Chine

En Chine, la situation est encore plus complexe.

En effet, non seulement les datations directes avancées par les scientifiques varient dans des proportions folles mais en plus les conditions de découvertes sont souvent trop incertaines pour qu’on puisse les associer de façon claire à un niveau géologique précis.

La controverse en Chine

Par exemple, pour ce crane de Liujang les datations directes s’étalent de 130 mille ans pour certaines à seulement 15 mille ans pour d’autres… et les conditions de sa découverte par des agriculteurs au fond d’une grotte en 1957 ne permettent absolument pas de le placer de manière scientifique dans une couche géologique précise.

Au-delà de ces exemples un peu anciens, dans le cadre de fouilles menées par des scientifiques depuis une vingtaine d’année, plusieurs publications récentes font, à leur tour état, de fossiles d’Hommes Modernes datés de 80 à 100 mille ans. Cependant, ces découvertes récentes sont elles-aussi fortement contestées et il faudra, dans cette région également, attendre d’autres découvertes pour pouvoir trancher…

En Amérique, la génomique remet tout en cause.

L’hypothèse Clovis battue en brèche :

On a longtemps considéré que les hommes de cette époque ne maîtrisant pas suffisamment la navigation, seule une voie terrestre était possible pour atteindre l’Amérique et il était communément accepté qu’ils étaient passés par le corridor inter-glaciers qui s’est ouvert il y a 13 mille ans entre le glacier des Laurentides et celui de la Cordillère.

Si cette hypothèse expliquait correctement les sites d’Amérique du Nord, dits de Clovis du nom de la ville où a été découvert le premier site de cette civilisation, elle n’expliquait pas la présence d’objets plus anciens sous ces sites, ni les sites d’Amérique du Sud plus anciens eux-aussi (Monte Verde II au Chili par exemple daté de -14.5 mille ans). Et, il a fallu imaginer des hypothèses compliquées et parfois rocambolesques pour expliquer ces « anomalies ».

La civilisation “Clovis”

En l’absence d’autres propositions acceptables, cette hypothèse Clovis est pourtant restée la thèse officielle jusque très récemment.

Deux événements récents ont chamboulé tout ça.

D’une part, la découverte de restes humains datés de 13 mille ans sur une île au large de Los Angeles accessible uniquement par bateau a démontré que les hommes de l’époque maîtrisaient parfaitement la navigation côtière. Il est d’ailleurs difficile, à posteriori, de comprendre comment on a pu soutenir si longtemps cette incapacité des hommes à naviguer il y a 15 mille ans, alors que leurs ancêtres avaient atteint l’Australie par voie maritime il y a 60 mille ans !

Et d’autre part, une étude menée par une équipe de généticiens danois dans les dépôts d’un lac de Colombie Britannique qui se trouve sur le chemin de ce corridor inter-glaciers a fait ressortir que les premières traces d’ADN animal dans cette région ne datent que de 12 500 ans. Avant cette date , et en particulier aux environs des fameux 13 mille ans, on n’y trouve aucune trace d’ADN animal. Le corridor étant donc désert, les hommes n’ont pas pu l’emprunter.

Sur la base de ces deux éléments, l’hypothèse Clovis a finalement laissé place à la thèse actuelle de la descente le long des côtes du Pacifique, thèse qui explique de manière très simple les éléments pré-Clovis d’Amérique du Nord ainsi que les sites anciens d’Amérique du Sud.

De l’ADN Européen dans le génome Amérindien !

Un autre débat que la génomique a permis de clarifier récemment concerne la diversité de typologie des populations amérindiennes actuelles ainsi que celle des restes humains anciens de la civilisation Clovis. En particulier, la présence de caractères proches des populations Européennes, inexplicable, amenait les chercheurs à imaginer, comme dans le cas de l’hypothèse Clovis, de nombreux scénarios, parfois rocambolesques, pour expliquer ces « anomalies ».

Dans un premier temps, une vaste étude génétique sur les populations amérindiennes a permis de préciser le niveau de présence « européenne » dans le génome amérindien : de 15 à 40 % du génome selon les populations ! Bien au-delà de ce qu’on avait imaginé, ces chiffres ont fait passer le phénomène du statut d’anomalies à celui de fait remarquable… mais toujours inexpliqué.

Puis, une autre analyse génétique effectuée bien loin de là sur un squelette trouvé sur le site de Mal’ta 1 (près du lac Baïkal) et daté de 24 mille ans, a permis d’établir que l’ADN de cet homme était à la fois proche de celui de squelettes trouvés sur des sites d’Europe Centrale et de la part européenne de celui des amérindiens actuels !

L’Amérique aurait donc été peuplée simultanément par des populations sibériennes présentes en Asie depuis la première arrivée de l’Homme Moderne en provenance d’Afrique et par des populations arrivées plus tardivement en Sibérie depuis l’Europe Occidentale.

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